CEZANNE A L'ESTAQUE

A la M.M.A de L'Estaque Plage du 5 au 29 MAI 2023



RDC - SALLE 1



Ancienne collection ALEXANDER LEWIN


1879-1942




Directeur d’une importante entreprise de chapeaux en Allemagne, Lewin était aussi un grand collectionneur. Compte tenu de ses origines juives, il fut persécuté par les nazis et ses biens confisqués en 1941. Il se réfugia en Suisse où il mourut bientôt. Il avait cependant réussi à y transférer une partie de sa collection. Plusieurs tableaux alors restés en Allemagne ont depuis été restitués à sa famille

Rochers, pins et mer à L'Estaque





Cette composition en plongée accentue la verticalité des arbres qui occupent toute la toile. Ils sont comme un rideau derrière lequel le paysage est en grande partie caché. La mer et le ciel sont réduits au minimum. Le rocher au premier plan donne de l’assise à la composition.

Ancienne collection AUGUSTE PELLERIN


1852-1929




Industriel ayant fait fortune grâce à la margarine gastronomique « LE TIP» et au suif industriel, il posséda plus de cent tableaux de Cezanne. Certains ont vu dans ce collectionneur qui s’intéressa aussi à Manet ou Rodin, un spéculateur. Grâce à lui cependant, on put découvrir toutes les facettes du peintre aixois, en particulier lors du salon d’automne 1907 où Pellerin prêtera 25 tableaux. A sa mort, il léguera trois natures mortes de Cezanne au musée du Louvre et les quatre tableaux de L’Estaque lui restant iront à son fils et à sa fille.

Paysage provençal; Rochers à l’Estaque; Masures sous la neige


Acquis en 1910


Neige à L'Estaque !!! 26 décembre 1870 :



Le tableau :

Il a neigé à L’Estaque pendant l’hiver 1870-1871. Cette toile reste encore de la première manière du peintre où domine souvent le bitume, manière dont il s’affranchira bientôt. Elle nous montre de pauvres masures branlantes, tapies dans des rochers qui les écrasent et semblent prêts à s’effondrer sur elles. Le mouvement tournant du chemin blanchâtre et du ciel glauque semble les emprisonner. Seul un toit rose éclaire la scène qui reste néanmoins angoissante.

La Neige fondue à L'Estaque - Les Toits rouges


Acquis en 1911






Du haut de la traverse Fabre, Cezanne peint cette vue dans laquelle une diagonale sépare la neige encore présente de la terre où elle a déjà fondu. Une deuxième diagonale au-delà des maisons lui fait écho. Le ciel est encore menaçant mais une éclaircie arrive par l’Est et le rouge intense des toits ainsi que les reflets roux des arbres réchauffent une scène beaucoup moins dramatique que celle des masures sous la neige.

Baigneur aux bras écartés





Ce baigneur a-t-il vraiment été peint à L’Estaque ? Rien ne le dit mais c’est bien là qu’il est mis en scène comme le montre l’arrière- plan avec à gauche la falaise et à droite le château d’If et l’ile Maire. Dans d’autres versions de ce motif, seule figure la falaise. Le thème des baigneurs est fréquent chez Cezanne. Et si l’on en croit Vollard, Renoir lui racontait avoir trouvé un tableau de baigneuse abandonné par le peintre dans les collines de La Nerthe !

L'Estaque aux toits rouges

Le site :



Le tableau :

Les formes des maisons ocre et oranges sont réduites à leurs éléments essentiels. De petits arbres occupent le bas de la toile tandis que des pins aux longues branches meublent un ciel atone au-dessus d’une mer plate brossée en touches horizontales de vert et de bleu. Le dessin correspondant offre une vue plus resserrée qui correspond au centre du tableau, tableau dans lequel le banal motif du dessin est théâtralisé en une scène parfaitement construite.

L'Estaque vu à travers les pins





La dense forêt de pins vert-foncé de L’Estaque-Riaux dirige l’attention vers le bas du tableau et ses maisons éparses. Mais dans le coin supérieur, on découvre un deuxième paysage qu’isole un pin oblique et un peu plus à gauche on découvre la mer.

Paysage avec moulin à eau


Acquis en 1870


Four à chaux - Guigou :



Le tableau :

Ce tableau dont la photo fût annotée L’Estaque 1870 par le fils de Cezanne est actuellement titré Paysage avec moulin à eau. En fait, il représente vraisemblablent un four à chaux comparable à celui d’une œuvre de Guigou de la même époque. On peut même supposer qu’il montre le four de Dominique Sucon, avec en arrière plan, la route de la Nerthe et à gauche le riou qui aboutit à la mer en bas de L’Estaque-Riaux. L’œuvre apparait bien comme charnière entre les différents styles du peintre à L’Estaque

Ancienne collection EGISTO FABBRI


1866-1934




Peintre et collectionneur italo-américain, il indique dans une lettre de 1899 à notre peintre, qu’il possède seize de ses tableaux. Ce sera le premier collectionneur américain des œuvres de l’artiste. En hommage à ce dernier, il peint un Coin d’atelier dans lequel figure, en arrière plan Le garcon au gilet rouge. Il vendra néanmoins toute sa collection au marchand Paul Rosenberg en 1928 pour financer la restauration de deux églises en Italie.

La Baie de L'Estaque vue de l'est

Le site :



Le tableau :

Une diagonale coupe ce tableau avec, en bas, un premier plan très dense et en haut un motif beaucoup plus synthétique. Les montagnes du fond sont plus proches que dans la réalité et l'horizon est, comme souvent, très haut. Le groupe des maisons de Simon Puget se distinguent surtout par le rouge de leurs toits.

Maisons en Provence (La vallée de Riaux près de L'Estaque)

Le site :



Le tableau :

Voici une œuvre montrant un groupe de maisons installées sur un triple rang de pierres blanches. La composition en contre-plongée donne une impression de monumentalité à un ensemble de demeures très modeste perdu dans la colline et qui appartenait à la famille du sculpteur Puget. Un jeu d’ombres et de lumières donne du volume à l’ensemble. L’ocre et le vert sont, ici encore, privilégiés.

Ancienne collection OSKAR SCHMITZ


1861-1933




De nationalité suisse, diplomé d’une école de commerce, Oskar Schmitz fonde d’abord une maison de négoce au Havre. Dès 1890, il vient régulièrement à Paris pour rencontrer artistes et galeristes dont Durand-Ruel. Il se voue bientôt exclusivement à sa passion de collectionneur et déménage pour Dresde en 1903. Il achétera, en particulier, plusieurs tableaux de Cezanne au marchand d’art allemand Paul Cassirer. Après sa mort, sa magnifique collection fut exposée à Bâle, Zurich, Paris puis New-York. L’essentiel devait ensuite en être vendue à des collectionneurs américains.

L'Estaque le matin vu à contre-jour





Nous sommes à L’Estaque et regardons vers la pointe de Mourepiane. Les branches allongées du pin de droite attirent le regard vers les maisons du premier plan. Le contre-jour est rendu par un ciel presque blanc, en opposition avec les tons chauds des premiers toits et par l’ombre du pin sur le sol.

Saint-Henri et le golfe de Marseille

Le site :



Le tableau :

Ce tableau sera exposé en 1904 sous le titre Le port de Marseille. Il s’agit bien sûr de Saint-Henri vu de la colline au-dessus du chemin de Bizet. Le site est toujours reconnaissable. On distingue au premier plan, la villa Miramar, ses trois sequoîas et au fond à gauche, la cheminée d’une tuilerie aujourd’hui disparue.

RDC - SALLE 2



Ancienne collection JULIE MANET


1878-1966




Nièce d’Edouard Manet et fille de Berthe Morisot, elle épousa le peintre Ernest Rouart. Entourée d’artistes, elle sera, elle- même, modèle, peintre et collectionneuse. Très impliquée dans la vie artistique de son époque, elle fréquente Paul Valéry qui se marie le même jour qu’elle lors d’une cérémonie commune, mais aussi Mallarmé, son tuteur, ou Degas avec qui elle fait de la photo . Jusqu’à la fin de sa vie, elle possèdera une collection dans laquelle figurent tous les peintres qui l’ont cotoyée.

Le meurtre

Le site :



Le tableau :

Cette scène évidemment imaginaire a néanmoins pour toile de fond la rade de Marseille. Il s’agit sans doute de la calanque de Figuerolles ou de celle de L’Establon. Le tableau appartiendra plus tard au peintre Albert André qui, lui aussi, peindra L’Estaque.

Ancienne collection MARTHE CONIL


1882-1969




Nièce de Cezanne, fille de Maxime Conil, beau-frère du peintre qui précipita, dit-on, la vente du Jas de Bouffan au grand regret de l’artiste, Marthe participa activement à diverses manifestations visant à perpétuer le souvenir de Cezanne. Dans les années 1920, elle y œuvra avec Marcel Provence, un natif de Saint-Henri, qui venait d’acheter l’atelier du peintre à Aix.

Marine

Le site :



Le tableau :

Venturi, auteur du premier catalogue raisonné de l’œuvre de Cezanne voyait l’inexpérience de l’artiste dans cette aquarelle qui représente l’ hôtel Mistral tel qu’il était au début des années 1860. Il sera ensuite transformé puis reconstruit après un incendie.

Le Restaurant Mistral à L'Estaque





Sur cette aquarelle-ci, on distingue encore le fameux établissement Mistral avec à droite de la route l’hôtel et à gauche un restaurant sur pilotis, le tout relié par une passerelle. Renoir y séjournera en 1882.

Ancienne collection GABRIELLE ZOLA


1839-1925




Elle était la femme d’Emile Zola et semble l’avoir connu grâce à notre peintre qui fut témoin lors de leur mariage. En 1877, le couple vient s’installer quelques mois à L’Estaque. Entre bouillabaisses et bains de mer, Emile y prépare son roman Une page d’amour. Au début des années 1880, Cezanne séjourne réguliérement à Médan, en région parisienne, où les Zola organisent les fameuses «soirées». Celle que l’on appelle désormais Alexandrine sera un puissant soutien dans les combats de Zola, notamment lors de l’affaire Dreyfus. Survivant miraculeusement à l’accident (?) qui causa la mort de son mari, elle entretiendra son souvenir. Elle fut, par contre, insensible aux quelques oeuvres de Cezanne en sa possession au décés de l’écrivain. Pour autant, elle gardera le tableau de la tuilerie jusqu?à sa mort.

La tuilerie Saint-Henri à L'Estaque





Ce paysage industriel nous montre une tuilerie. Le rouge domine dans la composition au dos de laquelle figure une inscription émouvante « Aquarelle faite spécialement pour une table à ouvrage appartenant à Madame Alexandrine-Emile Zola, par Paul Cezanne en avril 1869, certifié par moi Alex-Emile Zola». Ici, aucune présence humaine, seule la fumée des cheminées donne vie à l’ensemble.

1er ETAGE SALLE 3



Ancienne collection HARRY KESSLER


1868-1937




Fils d’une écrivaine anglaise et d’un banquier d’affaires allemand, grand voyageur, éclectique et pacifiste, le comte Kessler sera, entre autre, essayiste et directeur de musée. A Paris, il fréquente tous les peintres modernes, souvent introduit auprès d’eux par Vollard. En Allemagne, il est le lien entre les artistes modernes de toute l’Europe. En 1902, c’est l’architecte et décorateur Art Nouveau belge Van deWelde qui est chargé de sa nouvelle maison à Weimar. A cette occasion, il acquiert les deux Cezanne de L’Estaque. Souhaitant faire bénéficier le public de sa collection, il organise, deux ans plus tard, une exposition où sont montrés outre Cezanne, Renoir, Manet et Monet. Il soutient Maillol à ses débuts. Lourdement endetté à cause de ses entreprises culturelles déficitaires, il devra finalement vendre ses tableaux. Après avoir connu une vie mondaine brillante, il doit quitter l’Allemagne à l’arrivée des nazis en 1933. La guerre d’Espagne le chasse ensuite de Majorque et il meurt isolé à Lyon.

Le Viaduc à L'Estaque


Acquis en 1904


Le site :



Le tableau :

Cette huile illustre bien la période dite constructive du peintre. L’enchevêtrement de lignes horizontales et verticales rythme le tableau. Le groupe de maisons figuré ici, est toujours visible du haut de la traverse Fabre d’où Cezanne peindra aussi son Village de pêcheurs au cadrage si particulier. On notera combien le dessin ayant appartenu au galeriste Maurice Renou, est proche du tableau.

Paysage en Provence


Acquis en 1906






Ici, une maison, dotée d’un œil de bœuf, émerge d’une abondante végétation qui semble jaillir du bas de la composition. Dans le triangle supérieur gauche, on aperçoit les premières collines de la Nerthe.

Rochers à L'Estaque


Acquis en 1910


Le site :



Le tableau :

Le tableau est d’abord donné en 1897 par le peintre à un certain George Dumesnil. Modestement, il lui écrit «Je serais heureux si le professeur de philosophie de la faculté d’Aix daignait accepter mon hommage». Aujourd’hui, si l’on se rend en haut du chemin du Marinier, on y trouve un sentier qui mène jusqu’au lieu d’où Cezanne peignit cette œuvre. Rien n’a changé ou presque, seule la maison dont on devine ici le toit n’est plus isolée. Dans le tableau, le volume des rochers est rendu par l’apposition de touches parallèles. Comme souvent dans les tableaux du peintre, l’horizon est très haut laissant le champ entièrement libre au premier plan.

Ancienne collection FRANZ KOENIGS


1881-1941




Fils d’un banquier allemand, il fonde lui-même une banque à Amsterdam en 1922 alors qu’il collectionne déja les tableaux depuis plusieurs années. Avec la montée du nazisme en Europe, il dépose sa collection au musée Boijmans de Rotterdam et en tire argument pour obtenir la nationalité hollandaise qu’il obtient juste avant la deuxième guerre mondiale. Il meurt tragiquement en 1941 tandis que la F. Kœnigs Collection a été vendue à bas prix à un mécène du Boijmans.

Toits de L'Estaque

Le site :



Le tableau :

Voici une aquarelle dans laquelle la fluidité technique du medium et la transparence des tons employés unifient les différents bâtiments. Quelques touches bleutées rappellent la présence de la mer et permettent de donner de la profondeur derrière la tour et les cheminées. Une forme grise au fond, figure une lointaine côte. Tout le motif apparait aussi dans l’huile Le Golfe de Marseille vu de l’Estaque . Et l’on réalise combien l’artiste peut produire deux œuvres radicalement différentes à partir du même sujet.

Ancienne collection SUSE PARET CASSIRER


1896-1963




Au début du XXème siécle, le galeriste allemand Paul Cassirer sera l’un des grands promoteurs de l’art moderne français. Il se suicide en 1926. La galerie continue alors à Berlin et Amsterdam. En 1933, une succursale s’ouvre à Londres. Ces localisations étrangères permettront d’éviter le vol de nombreux tableaux par les nazis. Dans le même temps, les associés restant liquident la galerie berlinoise pour en éviter l’aryanisation. A la mort de Paul Cassirer, sa fille Suse, psychanaliste, hérite, entre autres, d’une quinzaine de Cezanne. En 1935, elle confie plusieurs aquarelles à la galerie d’Amsterdam, dont celles représentant L’Estaque qui seront vendues au Kunsthaus de Zurich.

La Baie de L'Estaque

Le dessin :



Le tableau :

Cette autre aquarelle est très comparable à l’huile intitulée La baie de L’Estaque vue de l’ Est. Avec cette technique cependant, la perception du paysage est différente et la profondeur de la scène est accentuée grâce à un arrière-plan beaucoup plus transparent.

Ancienne collection VICTOR CHOQUET


1821-1891




Modeste fonctionnaire mais grand collectionneur, il crut très tôt en Paul Cezanne avec lequel il eut des relations amicales, lui commandant notamment des tableaux de L’Estaque. Sa femme ayant hérité, il put conforter sa collection qu’il installa dans un hôtel particulier parisien acquis à ce moment là. Il faudra attendre huit ans après sa mort pour que sa collection soit vendue chez Georges Petit. La Méditérannée, aujourd’hui La mer à L’Estaque, se vendra 1500 Frs soit environ 6000 euros, Au fond du ravin sera adjugé pour le même prix !

La Mer à L'Estaque

Le site :



Le tableau :

La peinture fut exécutée à la demande de Choquet en 1876. Dans une lettre à Pissarro, Cezanne la commente ainsi «c’est comme une carte à jouer, des toits rouges sur une mer bleue». Qu’en dire de plus exact ?

Au fond du ravin L'Estaque

Le site :



Le tableau :

Peinte pour Victor Choquet, cette œuvre passera ensuite à l’homme de lettres Octave Mirbeau, ardent défenseur du peintre. On y reconnait en haut du vallon de Riaux, la route qui mène à la Nerthe. Malgré l’importance des masses rocheuses, une grande place est laissée au ciel, ce qui allége le tableau. Ceci est encore amplifié par la couleur jaune clair des rochers qui se méle au vert de la végétation.

Ancienne collection LUSINE HAVEMEYER


1855-1929




Epouse d’un industriel du sucre, elle sera la cheville ouvrière de leur collection. La peintre américaine Mary Cassatt la conseillera dans ses acquisitions et Lusine possédera treize Cezanne. A sa mort en 1929, cinq furent légués au Metropolitan de New York dont Le golfe de Marseille. Vers 1900, son mari avait, lui, sauvé Vollard, dit-on, de la faillite grâce à un prêt important, contribuant ainsi indirectement à la diffusion de l’art moderne.

Le Golfe de Marseille vu de L'Estaque


Acquis en 1901






En 1883, l’artiste s’installe «Quartier du château, au-dessus de la gare de L’Estaque». De là, il monte dans la colline pour peindre. Il écrit «J’ai ici de beaux points de vue, mais ça ne fait pas tout à fait motif. Néanmoins au soleil couchant, en montant sur les hauteurs, on a le beau panorama du fond de Marseille et les îles, le tout enveloppé sur le soir d’un effet très décoratif». C’est tout à fait la description de ce tableau.

1er ETAGE SALLE 4



Ancienne collection CORNELIS HOOGENDIJK


1870-1911




Ce collectionneur hollandais avait hérité d’une importante fortune de son père. Quelque peu excentrique, il achètera trente et une toile à Vollard qui connait ainsi son premier succès commercial avec Cezanne. Hoogendijk terminera sa vie à l’asile d’Ermelo où était aussi internée la sœur de Van-Gogh. Il meurt en 1911 mais ce n’est qu’en 1920, que sera vendue, lors de plusieurs ventes, sa collection comptant plus de 420 tableaux.

Le Golfe de Marseille vu de L'Estaque

Le site :



Le tableau :

De Château-Bovis, on peut contempler cette vue du golfe de Marseille mais les cheminées des usines ont toutes disparu ; seule demeure la maison représentée en bas à droite du tableau. On notera les couleurs lumineuses, ocre et vertes, d’un premier plan très géométrique.

Le Village de L'Estaque vu de la mer

Le site :



Le tableau :

Le peintre nous monte ici une Estaque idyllique, dont on ne peut dire si elle fut peinte à partir d’un bateau. L’église, le restaurant Mistral et partout la verdure, c’est là le petit village qu’aime Cezanne. Le progrès, l’invasion des bipèdes, les becs de gaz et pis encore, l éclairage électrique, l’amèneront à déserter définitivement le site si l’on en croit sa lettre de Septembre 1902 à Paule Conil, nièce de l’artiste.

Ancienne collection SIDNEY BROWN


1865-1941




Membre de la famille fondatrice de Brown Bovery, aujourd’hui A.B.B. présente à L’Estaque, il fut le directeur technique de l’entreprise. Déja collectionneur, c’est en 1908 qu’il découvre, par hasard, la boutique de Vollard alors que ce dernier montre des Cezanne au célèbre collectionneur russe Schukin. Sur les conseils de ce dernier, il achète ses premiers tableaux du peintre aixois. Plusieurs de ceux-ci sont désormais visibles au musée Langmatt à Baden dont La mer à L’Estaque. Le dernier fils de Sydney et Jenny Brown, sans enfant, a en effet, légué la villa familiale et son contenu à la ville de Baden pour en faire un musée.

La Mer à l Estaque


Acquis en 1933






Un trapèze au premier plan où l’on voit les maisons du bas de Riaux puis un trapèze inversé avec une mer à peine esquissée. Au-dessus des iles, enfin, un ciel jaune clair qui allège la composition. On note la profondeur que donne la cheminée à l’ensemble en paraissant venir vers le spectateur.

Ancienne collection JOS HESSEL


1859-1942




Comme beaucoup de ses confrères, il était à la fois marchand d’art et collectionneur et c’est donc à double titre qu’il acheta nombre de tableaux. Il acquit ses premiers Cezanne de Vollard à la fin du XIXème siécle. C’est lui qui devait acheter en 1912, les fameux panneaux des quatre saisons figurant dans la demeure familiale du peintre à Aix. Il intervint aussi comme expert dans de nombreuses ventes prestigieuses et reçut la légion d’honneur pour ses actions de promotion de l’art français, en particulier à l’étranger. Après la défaite de 1940, sa galerie lui fut confisquée et il se réfugia à Cannes, alors en zone libre et y mourut bientôt.

Vue sur L'Estaque et le château d'If


Acquis en 1910


Le dessin :



Le tableau :

Les arbres servent ici de cadre au sujet que sont les maisons, la mer et les iles. La toile est structurée par les horizontales des toits et de l'horizon, mais aussi par les verticales des arbres, des cheminées et de la tour Saumaty. Le choix d'un format portrait facilite la représentation des grands arbres du premier plan.

Les Toits de L'Estaque


Acquis en 1906-1908


Le dessin :



Le tableau :

Dans cette huile, on retrouve la tour Saumaty et les tuileries enveloppées par une végétation luxuriante dont on retrouve les reflets verts dans la mer. Comme à l’habitude, les iles forment un horizon rehaussé. La branche descendante de droite permet de limiter l’étendue d’un ciel vide et complète l’atmosphère végétale de l’ensemble. Le dessin montre le sujet central avant sa mise en scène finale dans le tableau.

La Baie de Marseille avec vue sur le village Saint-Henri près de L'Estaque

Le site :



Le tableau :

Une œuvre dans laquelle l’église et les rochers sont frappés par la lumière en opposition avec une mer, un ciel et des bosquets plus sombres . De petites taches orangées éclairent et soulignent le tracé de la côte. La profondeur de la scène est donnée par les verticales du clocher et des cheminées. C’est bien L’Estaque que l’on voit et non Saint-Henri.

1er ETAGE SALLE 5



Ancienne collection EDOUARD MOLYNEUX


1891-1974




D’origine irlandaise, il travaille d’abord à Londres comme dessinateur de mode puis crée une maison de couture à Paris en 1919. Il devient rapidement l’un des grands couturiers de la capitale qu’affectionnent les têtes couronnées. Mais en 1950, menacé de cécité suite à une blessure lors de la guerre de 14-18, il ferme son entreprise. Il reprendra plus tard ses activités avec plus ou moins de bonheur. Il meurt en 1974 mais la marque existe toujours et commercialise notamment une eau de parfum nommée Captain en souvenir de celui que l’on surnommait «capitaine» et qui obtint ce grade suite à sa conduite héroique pendant la première guerre mondiale.

Le Viaduc à L'Estaque

Le dessin :



Le tableau :

Nous voici au fond du vallon de Riaux. On aperçoit en haut à droite un rocher, toujours existant, au bord du chemin de la Nerthe. La ligne de chemin de fer court dans le ravin avant d'entrer dans le tunnel. Les masses rocheuses, dont les volumes sont rendus par des hachures verticales, sont oppressantes, le ciel est presque absent du tableau.

Ancienne collection GEORGES URION


1865-1954




Dans la seconde moitié du XIXème siècle, se developpent ces grands magasins que Zola va décrire dans Au bonheur des dames . Les Urion, père puis fils, sont propriétaires du grand magasin parisien A Pygmalion qui rivalise alors avec La Samaritaine ou Le Bon Marché. L’importante collection qu’ils ont réunie sera vendue par la galerie Georges Petit en 1927. Peu après les affaires de Georges fils vont péricliter. La liquidation judiciaire de son magasin intervient en 1934.

Rochers à L'Estaque





L’œuvre peinte vers 1865 illustre le premier style de Cezanne qui nous montre la falaise et la pointe de Corbières. Il est intéressant de comparer ce tableau avec son voisin Effet du soir réalisé quelques années plus tard.

Ancienne collection MAURICE LECLANCHE


1848-1923




Frère de Georges, l’inventeur de l’une des premières piles électriques, il continua l’exploitation de la firme à la mort de ce dernier. Son importante collection, qui regroupait Cassatt, Bonnard, Marquet, Monet, Pissarro, Vlaminck, Signac et bien d’autres, sera dispersée en 1924 à la suite de son décès.

L'Estaque, effet du soir


Acquis en 1910


Le dessin :



Le tableau :

Ce tableau porte au dos l’inscription «collection Leclanché». Il représente vraisemblablement la falaise, à la sortie ouest de L’Estaque avec en arrière-plan un appontement. Il en existait alors plusieurs, utilisés pour le chargement des pierres des carrières ou des tuiles. On note le contraste entre les deux moitiés du tableau avec horizontalité à gauche et, à droite, inclinaison de la falaise qui semble prête à s’écrouler dans la mer. Contrairement à l’habitude, l’aquarelle est plus resserrée que le dessin correspondant ce qui allège le tableau et permet le contraste entre ses deux moitiés.

Ancienne collection PABLO PICASSO


1881-1973




Grand admirateur du maître aixois, il s’installera un temps à Vauvenargues, déclarant avoir acheté la Sainte-Victoire de Cezanne. Il s’y fera enterrer. Contrairement à Braque, il ne viendra jamais à L’Estaque sur les traces de Cezanne dont il disait pourtant c’était notre père à tous et qui l’influença grandement. En hommage à notre peintre, Picasso peindra Le chapeau de Cezanne en 1909.

La Mer à L'Estaque

Le site :



Le tableau :

L’horizon est rehaussé et les branches centrales des arbres se coupent exactement à sa hauteur encadrant l’usine de pétrole lampant Reynier. L’usine deviendra ensuite la courée Arnaud occupée par les familles ouvrières de L’Estaque. Se plaçant en contrebas, Braque en représentera les maisons sous le titre Maisons à L’Estaque inspirant alors le mot de «cubisme» au critique d’art Vauxcelles.

Ancienne collection ELSA TISCHNER-VON DURANT


1876-1958




Peintre et collectionneuse allemande, elle expose à Paris, au Salon d’Automne en 1906 et 1908. Dans ces années en Allemagne, l’art moderne français est très prisé. Elsa sera la propriétaire du célèbre tableau de Van-Gogh représentant Madame Ginoux. Elle achètera l’essentiel des œuvres de sa collection comprenant des Van Gogh, Gauguin et Cezanne chez Vollard et Cassirer. Suite à des revers de fortune, entre les deux guerres, elle vendra l’essentiel de sa collection. Dommage car le tableau de L’Estaque s’est vendu 4,4 millions de dollars chez Christies en 2002 !

L'Estaque vu à travers les arbres

Le site :



Le tableau :

Parmi les trois versions de ce motif, réalisées du même endroit, la vue de celle-ci est la plus plongeante. Les tonalités en sont plus claires et la végétation y tient une plus grande place. La cheminée de l’usine est, elle, notablement réduite par rapport aux deux autres versions.

Ancienne collection GUSTAVE CAILLEBOTTE


1848-1894




Cezanne et lui participent tous deux à l’exposition impressionniste de 1877 due à l’initiative de Caillebotte qui pouse l’aixois à y exposer. A sa mort, ce peintre et collectionneur léguera sa collection à l’Etat. Après bien des tergiversations, elle entre en partie au musée du Luxembourg. C’est ainsi que ce tableau de L’Estaque sera la première œuvre de Cezanne qui entrera dans un musée français, alors que plusieurs autres Cezanne de la collection Caillebotte seront refusées.

Le Golfe de Marseille vu de L'Estaque

Le site :



Le tableau :

Ce tableau sera le premier de Cezanne à entrer dans un musée français. Les principaux éléments du paysage s’organisent le long d’une oblique : l’ancienne cimenterie avec en contrebas la voie de chemin de fer, la route qui descend de la Nerthe, une maison au toit rouge et une zone boisée. La mer est peinte d’un bleu uniforme. A l’arrière-plan, on découvre Marseille et les collines environnantes, traitées dans un style déjà précubiste. Dans le dessin correspondant, la vue est plus latérale et ne donne pas la même impression de profondeur.

Ancienne collection PAUL GAUGUIN


1848-1903




C’est en 1882 que l’ancien agent de change devient définitivement peintre. Il sera aussi sculpteur, critique d’art ou écrivain. Gauguin est admiratif envers Cezanne. Il achète un tableau de lui chez le marchand de couleur Julien Tanguy car dans sa boutique, le père Tanguy reçoit tous ceux qui s’intéressent à l’avant-garde. Tanguy sera une célébrité à sa manière si bien que son décès sera annoncé par le Figaro. En 1890, Gauguin rendra hommage à Cezanne avec son tableau Portrait de femme à la nature morte de Cézanne - Marie Derrien à la nature morte de Cézanne, aujourd’hui à l’Art Institute de Chicago. Quand au peintre aixois, il se méfiait de Gauguin, l’accusant d’ avoir volé sa petite sensation. En 1903, il dira de lui, qui était mort l’année précédente : Gauguin n’était pas un peintre, il n’a fait que des images chinoises.

Montagnes en Provence


Acquis en 1883


L’éventail :



Le tableau :

Gauguin achète ce tableau chez le père Tanguy. Habitant, un temps au Danemark, il le reproduira à la gouache sur un éventail, ce qui donne une profondeur complémentaire au paysage. Suite aux difficultés financières du couple, c’est Mette Gauguin qui revend le tableau qui appartiendra ensuite au peintre Edouard Vuillard. Gauguin exécutera nombre d’autres éventails.

Ancienne collection EMILE SCHUFFENECKER


1851-1934




Il travailla d’abord à la banque Bertin à Paris et y connut Gauguin. Lors de la crise financière de 1882, les deux hommes décidérent de se consacrer entiérement à la peinture. Gauguin peignit la famille Schuffenecker. C’était le moins qu’il pouvait faire pour son camarade qui le soutenait très régulièrement en le logeant, le nourissant et en lui prêtant de l’argent. Schuffecker fut un bon peintre impressioniste qui représenta souvent la Bretagne que Gauguin avait fréquentée à ses débuts et qu’il recommandait volontiers à ses camarades peintres.

La Baie de L'Estaque

Le site :



Le tableau :

Une vue lointaine et plongeante nous montre l’ouest de L’Estaque. La mer occupe le centre de la scène. Elle est barrée par la pointe de Corbières dont on ne voit pas l’extremité. Sous ce paysage, Cezanne avait d’abord peint un portait de femme avant de réutiliser la toile.

Ancienne collection CLAUDE MONET


1840-1926




Monet sera un précieux soutien pour Cezanne. Il lui rendra visite à L’Estaque avec Renoir en 1883. Déja reconnu, il écrit : C’est un véritable artiste qui en est venu à douter de lui par trop. C’est lui qui conseillera au marchand Durand-Ruel d’acheter des tableaux du peintre lors de la vente tenue à la mort de Victor Choquet en 1899 et il possédera lui-même une quinzaine d’œuvres de l’aixois.

L'Estaque


Acquis en 1896


Le site :



Le tableau :

Exposée au Salon d’automne 1905, cette huile fera l’objet d’une méchante critique de Camille Mauclair qui, dans la Revue Bleue, écrit «une vue de L’Estaque qui travestit cet adorable site d’or et de saphir en un morose marécage d’un bleu de plomb où jamais la lumière n’a pu sourire».

Ancienne collection MARGARETE OPPENHEIM


1857-1935




Femme d’un industriel allemand, directeur d’Agfa, elle eut l’une des plus belles collections d’Allemagne. Elle était conseillée par l’historien d’art Whilhem Bode « le kaiser des musées de Berlin». Elle acquit nombre de tableaux du marchand allemand Paul Cassirer qui était régulièrement en affaires avec Vollard. Sa collection, comportant tableaux et objets d’art, sera dispersée à sa mort en 1936.

Vue sur L'Estaque

Le site :



Le tableau :

On voit ici le Boulevard Chieusse, alors dénommé Montée de la sardine. Le tableau est construit selon trois strates, la butte et les maisons, la mer bordée de collines puis le ciel étrangement figuré. Hormis une façade claire, le reste est dans les tons d’ocre et de vert. Seul le premier plan attire l’œil du spectateur ce qui donne de la profondeur à l’ensemble de l’œuvre.

L'Estaque


Acquis en 1917






Cette œuvre appartint tout d’abord à Ali LOEBL qui fût impliqué dans la constitution de la «collection» Gœring pendant la seconde guerre mondiale puis acquitté faute de preuves. Le tableau représente la tour Saumaty et ses environs. De nombreuses verticales rythment l’espace. Un premier plan incurvé, vert et ocre, oriente le regard vers la droite où se perd le sentier du premier plan.

Ancienne collection EUGENE BLOT


1857-1938




La galerie d’Eugène Blot, boulevard de la Madeleine à Paris, célèbre dans le monde des amateurs d’art, expose au début du XXème siècle les grands noms de l’impressionnisme. Eugène Blot possède lui-même une belle collection de Carrière, Rodin, Renoir, Sisley, Monet, Pissarro, Degas, et Cezanne. Il a hérité de son père une fonderie qu’il continue d’exploiter. Aussi son nom reste-t-il attaché à la sculptrice Camille Claudel dont il fut l’éditeur,le marchand, le soutien et l’ami fidèle.

Le Village des pêcheurs à l’Estaque

Le site :



Le tableau :

Cette huile peinte entre 1867 et 1870, est l’une des rares vues de L’Estaque Plage. Prise depuis la traverse Fabre, elle montre au premier plan des maisons en gros plan alors que l’arrière est dégagé avec l’église dont le clocher est coupé et la mer serait prise pour le ciel sans les deux tartanes que l’on y voit.

Ancienne collection EUGENE MURER


1841-1906




Il fut d’abord patissier puis propriétaire d’un hôtel avant de devenir un peintre aujourd’hui oublié. Il sera exposé par Vollard qu’il paie pour pouvoir exposer. Mais il constitue surtout une magnifique collection. Hélas, des problèmes financiers l’obligent à s’en séparer en 1887. Abandonné de ceux qu’il a pourtant aidés, il finit sa vie à Auvers-sur-Oise. Seul le fameux docteur Gachet restera son ami.

L'homme à la veste

Le dessin :



Le tableau :

Le tableau était titré Vagabond de L’Estaque lors de la vente Murer en 1887. Ce vagabond n’était peut-être pas imaginaire. Et Cezanne a bien pu le rencontrer dans la crique de L’Establon qu’il évoquait dans ses souvenirs. On note la conformité de l’œuvre au dessin, seule la veste y a été écartée du corps du vagabond, allégeant ainsi l’ensemble