A la M.M.A de L'Estaque Plage du 5 au 29 MAI 2023
RDC - SALLE 1
Cette composition en plongée accentue la verticalité des arbres qui occupent toute la toile. Ils sont comme un rideau derrière lequel le paysage est en grande partie caché. La mer et le ciel sont réduits au minimum. Le rocher au premier plan donne de l’assise à la composition.
Il a neigé à L’Estaque pendant l’hiver 1870-1871. Cette toile reste encore de la première manière du peintre où domine souvent le bitume, manière dont il s’affranchira bientôt. Elle nous montre de pauvres masures branlantes, tapies dans des rochers qui les écrasent et semblent prêts à s’effondrer sur elles. Le mouvement tournant du chemin blanchâtre et du ciel glauque semble les emprisonner. Seul un toit rose éclaire la scène qui reste néanmoins angoissante.
Du haut de la traverse Fabre, Cezanne peint cette vue dans laquelle une diagonale sépare la neige encore présente de la terre où elle a déjà fondu. Une deuxième diagonale au-delà des maisons lui fait écho. Le ciel est encore menaçant mais une éclaircie arrive par l’Est et le rouge intense des toits ainsi que les reflets roux des arbres réchauffent une scène beaucoup moins dramatique que celle des masures sous la neige.
Ce baigneur a-t-il vraiment été peint à L’Estaque ? Rien ne le dit mais c’est bien là qu’il est mis en scène comme le montre l’arrière- plan avec à gauche la falaise et à droite le château d’If et l’ile Maire. Dans d’autres versions de ce motif, seule figure la falaise. Le thème des baigneurs est fréquent chez Cezanne. Et si l’on en croit Vollard, Renoir lui racontait avoir trouvé un tableau de baigneuse abandonné par le peintre dans les collines de La Nerthe !
Les formes des maisons ocre et oranges sont réduites à leurs éléments essentiels. De petits arbres occupent le bas de la toile tandis que des pins aux longues branches meublent un ciel atone au-dessus d’une mer plate brossée en touches horizontales de vert et de bleu. Le dessin correspondant offre une vue plus resserrée qui correspond au centre du tableau, tableau dans lequel le banal motif du dessin est théâtralisé en une scène parfaitement construite.
La dense forêt de pins vert-foncé de L’Estaque-Riaux dirige l’attention vers le bas du tableau et ses maisons éparses. Mais dans le coin supérieur, on découvre un deuxième paysage qu’isole un pin oblique et un peu plus à gauche on découvre la mer.
Ce tableau dont la photo fût annotée L’Estaque 1870 par le fils de Cezanne est actuellement titré Paysage avec moulin à eau. En fait, il représente vraisemblablent un four à chaux comparable à celui d’une œuvre de Guigou de la même époque. On peut même supposer qu’il montre le four de Dominique Sucon, avec en arrière plan, la route de la Nerthe et à gauche le riou qui aboutit à la mer en bas de L’Estaque-Riaux. L’œuvre apparait bien comme charnière entre les différents styles du peintre à L’Estaque
Une diagonale coupe ce tableau avec, en bas, un premier plan très dense et en haut un motif beaucoup plus synthétique. Les montagnes du fond sont plus proches que dans la réalité et l'horizon est, comme souvent, très haut. Le groupe des maisons de Simon Puget se distinguent surtout par le rouge de leurs toits.
Voici une œuvre montrant un groupe de maisons installées sur un triple rang de pierres blanches. La composition en contre-plongée donne une impression de monumentalité à un ensemble de demeures très modeste perdu dans la colline et qui appartenait à la famille du sculpteur Puget. Un jeu d’ombres et de lumières donne du volume à l’ensemble. L’ocre et le vert sont, ici encore, privilégiés.
Nous sommes à L’Estaque et regardons vers la pointe de Mourepiane. Les branches allongées du pin de droite attirent le regard vers les maisons du premier plan. Le contre-jour est rendu par un ciel presque blanc, en opposition avec les tons chauds des premiers toits et par l’ombre du pin sur le sol.
Ce tableau sera exposé en 1904 sous le titre Le port de Marseille. Il s’agit bien sûr de Saint-Henri vu de la colline au-dessus du chemin de Bizet. Le site est toujours reconnaissable. On distingue au premier plan, la villa Miramar, ses trois sequoîas et au fond à gauche, la cheminée d’une tuilerie aujourd’hui disparue.
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Cette scène évidemment imaginaire a néanmoins pour toile de fond la rade de Marseille. Il s’agit sans doute de la calanque de Figuerolles ou de celle de L’Establon. Le tableau appartiendra plus tard au peintre Albert André qui, lui aussi, peindra L’Estaque.
Venturi, auteur du premier catalogue raisonné de l’œuvre de Cezanne voyait l’inexpérience de l’artiste dans cette aquarelle qui représente l’ hôtel Mistral tel qu’il était au début des années 1860. Il sera ensuite transformé puis reconstruit après un incendie.
Sur cette aquarelle-ci, on distingue encore le fameux établissement Mistral avec à droite de la route l’hôtel et à gauche un restaurant sur pilotis, le tout relié par une passerelle. Renoir y séjournera en 1882.
Ce paysage industriel nous montre une tuilerie. Le rouge domine dans la composition au dos de laquelle figure une inscription émouvante « Aquarelle faite spécialement pour une table à ouvrage appartenant à Madame Alexandrine-Emile Zola, par Paul Cezanne en avril 1869, certifié par moi Alex-Emile Zola». Ici, aucune présence humaine, seule la fumée des cheminées donne vie à l’ensemble.
1er ETAGE SALLE 3
Cette huile illustre bien la période dite constructive du peintre. L’enchevêtrement de lignes horizontales et verticales rythme le tableau. Le groupe de maisons figuré ici, est toujours visible du haut de la traverse Fabre d’où Cezanne peindra aussi son Village de pêcheurs au cadrage si particulier. On notera combien le dessin ayant appartenu au galeriste Maurice Renou, est proche du tableau.
Ici, une maison, dotée d’un œil de bœuf, émerge d’une abondante végétation qui semble jaillir du bas de la composition. Dans le triangle supérieur gauche, on aperçoit les premières collines de la Nerthe.
Le tableau est d’abord donné en 1897 par le peintre à un certain George Dumesnil. Modestement, il lui écrit «Je serais heureux si le professeur de philosophie de la faculté d’Aix daignait accepter mon hommage». Aujourd’hui, si l’on se rend en haut du chemin du Marinier, on y trouve un sentier qui mène jusqu’au lieu d’où Cezanne peignit cette œuvre. Rien n’a changé ou presque, seule la maison dont on devine ici le toit n’est plus isolée. Dans le tableau, le volume des rochers est rendu par l’apposition de touches parallèles. Comme souvent dans les tableaux du peintre, l’horizon est très haut laissant le champ entièrement libre au premier plan.
Voici une aquarelle dans laquelle la fluidité technique du medium et la transparence des tons employés unifient les différents bâtiments. Quelques touches bleutées rappellent la présence de la mer et permettent de donner de la profondeur derrière la tour et les cheminées. Une forme grise au fond, figure une lointaine côte. Tout le motif apparait aussi dans l’huile Le Golfe de Marseille vu de l’Estaque . Et l’on réalise combien l’artiste peut produire deux œuvres radicalement différentes à partir du même sujet.
Cette autre aquarelle est très comparable à l’huile intitulée La baie de L’Estaque vue de l’ Est. Avec cette technique cependant, la perception du paysage est différente et la profondeur de la scène est accentuée grâce à un arrière-plan beaucoup plus transparent.
La peinture fut exécutée à la demande de Choquet en 1876. Dans une lettre à Pissarro, Cezanne la commente ainsi «c’est comme une carte à jouer, des toits rouges sur une mer bleue». Qu’en dire de plus exact ?
Peinte pour Victor Choquet, cette œuvre passera ensuite à l’homme de lettres Octave Mirbeau, ardent défenseur du peintre. On y reconnait en haut du vallon de Riaux, la route qui mène à la Nerthe. Malgré l’importance des masses rocheuses, une grande place est laissée au ciel, ce qui allége le tableau. Ceci est encore amplifié par la couleur jaune clair des rochers qui se méle au vert de la végétation.
En 1883, l’artiste s’installe «Quartier du château, au-dessus de la gare de L’Estaque». De là, il monte dans la colline pour peindre. Il écrit «J’ai ici de beaux points de vue, mais ça ne fait pas tout à fait motif. Néanmoins au soleil couchant, en montant sur les hauteurs, on a le beau panorama du fond de Marseille et les îles, le tout enveloppé sur le soir d’un effet très décoratif». C’est tout à fait la description de ce tableau.
1er ETAGE SALLE 4
De Château-Bovis, on peut contempler cette vue du golfe de Marseille mais les cheminées des usines ont toutes disparu ; seule demeure la maison représentée en bas à droite du tableau. On notera les couleurs lumineuses, ocre et vertes, d’un premier plan très géométrique.
Le peintre nous monte ici une Estaque idyllique, dont on ne peut dire si elle fut peinte à partir d’un bateau. L’église, le restaurant Mistral et partout la verdure, c’est là le petit village qu’aime Cezanne. Le progrès, l’invasion des bipèdes, les becs de gaz et pis encore, l éclairage électrique, l’amèneront à déserter définitivement le site si l’on en croit sa lettre de Septembre 1902 à Paule Conil, nièce de l’artiste.
Un trapèze au premier plan où l’on voit les maisons du bas de Riaux puis un trapèze inversé avec une mer à peine esquissée. Au-dessus des iles, enfin, un ciel jaune clair qui allège la composition. On note la profondeur que donne la cheminée à l’ensemble en paraissant venir vers le spectateur.
Les arbres servent ici de cadre au sujet que sont les maisons, la mer et les iles. La toile est structurée par les horizontales des toits et de l'horizon, mais aussi par les verticales des arbres, des cheminées et de la tour Saumaty. Le choix d'un format portrait facilite la représentation des grands arbres du premier plan.
Dans cette huile, on retrouve la tour Saumaty et les tuileries enveloppées par une végétation luxuriante dont on retrouve les reflets verts dans la mer. Comme à l’habitude, les iles forment un horizon rehaussé. La branche descendante de droite permet de limiter l’étendue d’un ciel vide et complète l’atmosphère végétale de l’ensemble. Le dessin montre le sujet central avant sa mise en scène finale dans le tableau.
Une œuvre dans laquelle l’église et les rochers sont frappés par la lumière en opposition avec une mer, un ciel et des bosquets plus sombres . De petites taches orangées éclairent et soulignent le tracé de la côte. La profondeur de la scène est donnée par les verticales du clocher et des cheminées. C’est bien L’Estaque que l’on voit et non Saint-Henri.
1er ETAGE SALLE 5
Nous voici au fond du vallon de Riaux. On aperçoit en haut à droite un rocher, toujours existant, au bord du chemin de la Nerthe. La ligne de chemin de fer court dans le ravin avant d'entrer dans le tunnel. Les masses rocheuses, dont les volumes sont rendus par des hachures verticales, sont oppressantes, le ciel est presque absent du tableau.
L’œuvre peinte vers 1865 illustre le premier style de Cezanne qui nous montre la falaise et la pointe de Corbières. Il est intéressant de comparer ce tableau avec son voisin Effet du soir réalisé quelques années plus tard.
Ce tableau porte au dos l’inscription «collection Leclanché». Il représente vraisemblablement la falaise, à la sortie ouest de L’Estaque avec en arrière-plan un appontement. Il en existait alors plusieurs, utilisés pour le chargement des pierres des carrières ou des tuiles. On note le contraste entre les deux moitiés du tableau avec horizontalité à gauche et, à droite, inclinaison de la falaise qui semble prête à s’écrouler dans la mer. Contrairement à l’habitude, l’aquarelle est plus resserrée que le dessin correspondant ce qui allège le tableau et permet le contraste entre ses deux moitiés.
L’horizon est rehaussé et les branches centrales des arbres se coupent exactement à sa hauteur encadrant l’usine de pétrole lampant Reynier. L’usine deviendra ensuite la courée Arnaud occupée par les familles ouvrières de L’Estaque. Se plaçant en contrebas, Braque en représentera les maisons sous le titre Maisons à L’Estaque inspirant alors le mot de «cubisme» au critique d’art Vauxcelles.
Parmi les trois versions de ce motif, réalisées du même endroit, la vue de celle-ci est la plus plongeante. Les tonalités en sont plus claires et la végétation y tient une plus grande place. La cheminée de l’usine est, elle, notablement réduite par rapport aux deux autres versions.
Ce tableau sera le premier de Cezanne à entrer dans un musée français. Les principaux éléments du paysage s’organisent le long d’une oblique : l’ancienne cimenterie avec en contrebas la voie de chemin de fer, la route qui descend de la Nerthe, une maison au toit rouge et une zone boisée. La mer est peinte d’un bleu uniforme. A l’arrière-plan, on découvre Marseille et les collines environnantes, traitées dans un style déjà précubiste. Dans le dessin correspondant, la vue est plus latérale et ne donne pas la même impression de profondeur.
Gauguin achète ce tableau chez le père Tanguy. Habitant, un temps au Danemark, il le reproduira à la gouache sur un éventail, ce qui donne une profondeur complémentaire au paysage. Suite aux difficultés financières du couple, c’est Mette Gauguin qui revend le tableau qui appartiendra ensuite au peintre Edouard Vuillard. Gauguin exécutera nombre d’autres éventails.
Une vue lointaine et plongeante nous montre l’ouest de L’Estaque. La mer occupe le centre de la scène. Elle est barrée par la pointe de Corbières dont on ne voit pas l’extremité. Sous ce paysage, Cezanne avait d’abord peint un portait de femme avant de réutiliser la toile.
Exposée au Salon d’automne 1905, cette huile fera l’objet d’une méchante critique de Camille Mauclair qui, dans la Revue Bleue, écrit «une vue de L’Estaque qui travestit cet adorable site d’or et de saphir en un morose marécage d’un bleu de plomb où jamais la lumière n’a pu sourire».
On voit ici le Boulevard Chieusse, alors dénommé Montée de la sardine. Le tableau est construit selon trois strates, la butte et les maisons, la mer bordée de collines puis le ciel étrangement figuré. Hormis une façade claire, le reste est dans les tons d’ocre et de vert. Seul le premier plan attire l’œil du spectateur ce qui donne de la profondeur à l’ensemble de l’œuvre.
Cette œuvre appartint tout d’abord à Ali LOEBL qui fût impliqué dans la constitution de la «collection» Gœring pendant la seconde guerre mondiale puis acquitté faute de preuves. Le tableau représente la tour Saumaty et ses environs. De nombreuses verticales rythment l’espace. Un premier plan incurvé, vert et ocre, oriente le regard vers la droite où se perd le sentier du premier plan.
Cette huile peinte entre 1867 et 1870, est l’une des rares vues de L’Estaque Plage. Prise depuis la traverse Fabre, elle montre au premier plan des maisons en gros plan alors que l’arrière est dégagé avec l’église dont le clocher est coupé et la mer serait prise pour le ciel sans les deux tartanes que l’on y voit.
Le tableau était titré Vagabond de L’Estaque lors de la vente Murer en 1887. Ce vagabond n’était peut-être pas imaginaire. Et Cezanne a bien pu le rencontrer dans la crique de L’Establon qu’il évoquait dans ses souvenirs. On note la conformité de l’œuvre au dessin, seule la veste y a été écartée du corps du vagabond, allégeant ainsi l’ensemble